Homoncule de Coralie Berhault
Homoncule
Depuis quelques nuits déjà
les étoiles ont perdu un peu de leur vaillance…
les fantômes rient de moi
tu m’écoeures de silence…
la blessure d’une erreur…
l’autre soir j’ai trouvé
déçue
et cachée sous ta torpeur
la vérité toute nue
grimaçante de peur…
à ta lèvre molle et affectée
j’ai bu souvent cette liqueur
qui épanchait ton ombre
sur un nous avorté
et qui coule sur le monde
comme la mauvaise langue
d’une humanité fade
et toxique pour ses anges
qui rend ses rêves purs
à un ciel défait
toi ignorant de l’âme
et de ses profondeurs
fossoyeur cordial
que je condamne
tu cacheras tes larmes
de honte fétides
derrière tes mains sales
qui creusent dans le vide
en quête de substance
et de rage de vivre
tu déposeras les armes
sur l’autel de ma foi
et de mes insomnies
puisque aujourd’hui aussi
tu profanes le temple
sacré de ma vie
et la nudité généreuse
de mon tout
abandonné
et sali
par ta suffisance masquée
mais ta jeunesse douteuse
ô combien éphémère
est ta seule richesse
ton unique talent
ta première beauté
sache alors
toi qui ne sais pas la danse
des femmes d’expérience
ni les spasmes de leur corps
qu’à la lumière de mon âge
qui flatte ton ego
j’ai lu dans tes yeux clos
le manque de courage
et la peur de l’idiot
qui donne sa liberté
en pâture aux badauds
et j’ai vu dans ton cœur
aussi sûr que je saigne
la servitude obscène
et l’égoïsme lâche
du menteur
qui sont l’apanage
des petits hommes
de ton ampleur…
je suis morte une fois
de t’avoir cru sincère…
mais tout ce que tu me dois
tu le rendras
cent fois
en prières muettes
à genoux
et courbant la tête
au-dessus de la poussière
comme un enfant
face au néant
de son être…
Coralie Berhault